Chaque année, nous faisons de plus en plus de réassurance, de façon formelle via un chill out et de façon informelle, au travers de nos stands, de nos maraudes. Il nous semblait donc indispensable d’en écrire un « chapitre » dans notre rapport d’activité puisqu’elle fait partie de nos outils d’intervention et que nos bénévoles la pratiquent avec beaucoup de sérieux, d’application et même de professionnalisme. Tout d’abord il convient de définir le terme de réassurance afin de bien avoir à l’esprit ce que le Collectif bisontin est le seul à pratiquer en Franche Comté.
Qu’est-ce que la réassurance ?
La réassurance fait partie de l’intervention en milieu festif et peut être une réponse à plusieurs types de situations en lien avec une prise de produits psychoactifs. La prise de produits psychoactifs (légal ou illégal) peut entrainer des effets non désirés et inattendus chez le consommateur qui peut se sentir en difficulté physiquement et/ou psychologiquement, voir paniqué, ce que l’on peut communément appeler un « bad trip ».
La réassurance est une pratique de l’intervenant en milieu festif qui idéalement doit pouvoir se faire dans un espace à l’abri du bruit, avec des lumières douces, au calme et que l’on appelle : Chill Out/Relax Zone.
Toutefois il y a plusieurs formes à la réassurance, le Chill Out pouvant en être une sans être indispensable à cette pratique. La réassurance est, avant tout, le résultat d’une rencontre entre un aidant et un aidé, de la bienveillance des intervenants pour les usagers, une relation d’aide permettant de créer un contexte rassurant pour l’usager où il va pouvoir se « confier » à l’intervenant.
Elle doit permettre d’établir un climat de confiance et d’empathie avec l’usager qui consiste à écouter, informer, rassurer et accompagner les personnes en détresse, évitant, par exemple, une évacuation sanitaire pouvant être traumatisante, le personnel médical étant peut ou pas formé à la réduction des risques et encore moins à la réassurance. En cas de recours aux services de secours, dans l’idéal, un travail de relais et d’accompagnement peut permettre de minimiser les conséquences qui peuvent en découler ; malheureusement c’est rarement possible.
La réassurance n’a rien à voir avec une prise en charge sanitaire ou psychologique et est réduit à une temporalité liée au contexte festif donc courte. Le facteur temps est très aléatoire, une réassurance pouvant durer de quelques minutes à plusieurs heures. Ce soutien est basé sur ce moment en particulier donc sur des faits ; à aucun moment l’usager serait interrogé sur sa vie, son travail, sa famille même s’il est libre de pouvoir l’aborder.
Si possible elle doit s’exercer par le même intervenant, du début à la fin qui doit lui-même être assisté par une autre personne s’il ressent le besoin de passer le « relais ». L’intervenant doit se sentir libre de pratiquer ou non une réassurance et doit pouvoir s’appuyer sur un « collègue » s’il ne se sent plus en capacité d’être aidant. Il doit aussi pouvoir évaluer la situation de l’usager, la réassurance a ses limites dont chaque intervenant doit avoir pleinement conscience pour passer le relais aux professionnels compétents : Secours, Pompiers, Médecins.
Comment fonctionne un Chill Out appelé aussi Relax Zone ?
Le « chill out » (littéralement traduisible par « se refroidir ») est un espace de détente et d’échanges au calme où il est possible de se reposer, de discuter. En rupture avec l’espace-temps de la fête, il doit être convivial, confortable, sécurisant (coussins, lumière douce). Un lieu d’accueil pour les personnes en difficultés avec les effets immédiats d’un produit psychoactif licite ou illicite (« Bad trip », montée ou descente difficile, malaise, angoisse). La gestion de ce lieu est assurée par les bénévoles du Collectif en accord avec l’équipe organisatrice.
En premier lieu, lors de l’accueil de l’usager, nous cherchons à savoir comment il s’est rendu sur le lieu de la fête, avec qui et comment il compte repartir.
Nous essayons dans la foulée d’identifier un ami, pour éviter notamment de le voir abandonné sur le lieu de la fête sans possibilité de rentrer chez lui. Cette présence amicale peut également servir à rassurer l’usager en difficulté, qui ne connait pas les intervenants et pourrait s’en inquiéter. Ensuite nous essayons de faire l’état des produits consommés au cours de la soirée pour tenter d’évaluer au mieux la situation. Un repérage des « symptômes » (fièvre, mydriase, tremblements, incohérence des propos) permet d’envisager une évacuation sanitaire le cas échéant et de dépister les risques d’Overdose.
Il convient de proposer aux usagers une approche rassurante et de rappeler que les produits ont une durée d’action limitée dans le temps et que les désagréments ressentis ne seront que passagers. Lorsque la personne va mieux, est prête à partir soit chez elle soit à retourner à la fête, nous pouvons évoquer les désagréments liés à sa consommation et suggérer, d’adapter sa consommation à la substance responsable de ce bad trip et donner des conseils de Réduction des Risques :
- Dire à au moins une personne ce que l’on consomme et être dans un contexte rassurant avec des personnes de confiance ;
- Etre vigilant quant à la provenance d’un produit ;
- Le fractionner et attendre les effets au moins 2h avant de reconsommer ;
- S‘hydrater avec de l’eau, anticiper un bon repas ;
- Se ménager du temps de repos après la fête.